Débat entre dockers à Marseille : faut-il faire grève ou pas contre la guerre d'Indochine. Extrait du magnifique film de Paul Carpita
Paul Carpita, cinéaste marseillais autodidacte, est quasiment un inconnu. Son cinéma engagé, direct, novateur aurait trop dérangé l’histoire officielle en l’empêchant de suivre son cours tranquille. Alors on l’a muselé, censuré, on l’a oublié, on lui a mis des bâtons dans les roues. Son premier long-métrage, Le rendez-vous des quais, tourné entre 1953 et 1955, avait un tel potentiel subversif que l’unique copie fut saisie puis égarée, et Paul Carpita ne reçut jamais d’aide ni de soutien des professionnels du cinéma pour espérer récidiver. On lui reprochait sans le lui dire de faire des films et de n’être pas parisien, de n’avoir pas fait d’école de cinéma, d’être trop à la gauche du PC, d’être trop de gauche pour le gouvernement français – voire quel-ques années avant d’être de gauche, quand les nazis étaient à Marseille -–, d’être trop avant-gardiste ou trop instinctif. Son film prenait le parti des dockers de Marseille en grève contre la guerre d’Indochine, et son tort s’accentuait parce qu’il l’a tourné avec les travailleurs, par les travailleurs, pour les travailleurs ; de sorte qu’il en est venu à faire le seul film néo-réaliste français, chaînon manquant entre le néo-réalisme italien et la Nouvelle Vague française. Totalement absent des historiographies, Le rendez-vous des quais a été retrouvé en 1989 – il avait été soigneusement « archivé » par les bons soins des staliniens du PCF.
Un livre est constitué d’entretiens passionnants avec Paul Carpita où la verve et la bonne humeur l’emportent sur le passé et la rancoeur.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire