mercredi 27 mai 2009

Le 27 mai 1980, massacre de la Commune de Kwangju

Il y a 29 ans, le 18 mai 1980, le dictateur Sud-Coréen soutenu par les régimes de l'Ouest était assassiné par un membre de son intelligentsia. Dans le sillon du moment, des foules hystériques se mobilisent, particulièrement au sein du mouvement étudiant qui menait une lutte pro-démocratique. La suite allait être une reprise historique de la Commune de Paris qui elle aussi vit une population s'approprier des armes et des ressources pour mener une lutte auto-organisée contre l'oppression. La commune de Kwangju qui dura quelques 6 jours complets fut malheureusement elle aussi massacré dans la plus grande violence et massacre et étrangement le 27 mai soit exactement le même jour que la Commune de Paris.

Tout comme celle-ci, cet épisode historique d'asie donna raison à la capacité des populations de se gérer sans gouvernements. Un journal diffusait l'information et les populations attaquaient les centre de médias qui censuraient le massacre, des assemblées étaient organisées pour structurer le mouvement, les ressources des entreprises expropriées et mises à la disposition des populations etc... Dans un article publié dans la revue North-Estern Anarchist de la NEFAC, Peter Kroportkin and Peoples' Uprisings, George Katsiaficas* rappel bien les éléments essentiels de cette révolte tout en les mettant en lien avec les principes révolutionnaires de la pensée du théoricien communiste libertaire Russe Pierre Kropotkin. Kwangju est une de ces villes qui initia plusieurs moments révolutionnaires dans l'histoire de la Corée du sud comme la rébellion de Tonghak en 1894, la révolte étudiante de 1929 et puis l'insurrection de 1980. C'est pourquoi l'auteur contemporain la place aux côtés du navire militaire "Cuirassé Potemkin" pour la Russie et de la ville Paris pour la France.


Bien que la Commune de Kwangju se termina dans le sang le 27 mai 1980, le mouvement démocratique ne s'y termina pas. Il culmina en 1987 avec l'arrivée d'un gouvernement démocratique en Corée du Sud. Dans son sillon, elle entraina d'autres populations d'Asie à la révolte contre leur gouvernement respectif. Aujourd'hui, la Corée du Sud fait sa marque dans les nouvelles pour ses vigoureuses grèves contre ses gouvernements libéraux et leurs politiques.(L'agressivité des confrontations de celle-ci aurait même inspiré un clip de musiciens d'"anarchist noise") Une des plus importante de celles-ci paru dans le film "La Quatrième Guerre Mondiale" et dans le clip de Keny Arkana "La Rage du Peuple" où une grève générale était déclenchée contre une série de mesures anti-ouvrières adoptées pendant l'absence de l'opposition parlementaire à minuit... Ce mouvement de mobilisations continue toujours sous différentes revendications et mobilisations rassembleuses.

Peut-être qu'avec plus de recherches historiques, nous pourrions être porté à croire que le mouvement anarchiste Coréen avait en Manchourie des années '20 été l'avant première de la révolution espagnole. À ce moment, des anarchistes Coréen en exile de l'impérialisme japonais avaient formé une fédération qui allait travailler à la mise en place d'une organisation de masse qui allait mettre sur pied des communautés de travailleurs contrôlant leur moyens de productions dans une lutte féroce contre les propriétaires terriens et les marchands. Le tout se termina (comme en Espagne) par des noyautage-sabotages d'organisations de masse et assassinats de "leader anarchistes" par des bolchéviks ne voulant probablement pas voir de compétition à "leurs" réalisations révolutionnaires et/ou à leur satellite maoïste. Voici de quoi se mettre sous la dent pour les intéressés et intéressées d'histoire révolutionnaire: The Korean anarchist Movement

*George Katsiaficas is professor of humanities and social sciences at Wentworth Institute of Technology in Boston, Massachusetts, editor for New Political Science, and the author of several books including The Subversion of Politics: European Autonomous Social Movements and the Decolonization of Everyday Life and Imagination of the New Left: A Global Analysis of 1968. He is currently a visiting professor at Chonnam University in Kwangju, Korea.

lundi 25 mai 2009

Un antisémite donne une conférence à l'UQAM

Dans un précédent article du monde diplomatique*, on apprenait que les théories du complot sont plus populaires que les analyses marxistes aux Etats-Unis. Que ça soit par Alex Jones, Lyndon Laourche (et son éternel kiosque dans le centre-ville de Montreal et dans le vieux port), ou encore par des films tel que ZeitGeist, les théories occultes se répendent puisqu'elles se consomment facilement et donnent l'impression d'avoir un accès privilégié à des secrets ou à LA vérité qu'il faut vite crier haut et fort afin d'affirmer sa “résistance”. Hannah Arendt disait qu'il s'agisait d'un besoin de cohérence des foules et une des bases du totalitarisme...

Ce qui est intéressant de savoir c'est que ces théories ne sont pas nouvelles, elles datent du lendemain des révolutions républicaines et comme on peut le lire dans ce texte publié sur a-info, certaines personnes n'arrivent toujours pas à comprendre qu'elles sont inutiles et dangereuses puisqu'on accuse 'le complot juif'. Ce n'est pas avec des théories de conspiration et la révélation du “secret” qu'on arrive à l'abolition des sociétés de classes...(pour plus de détails sur les théories du complot surfez sur wikipedia!

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Un antisémite donne une conférence à L'UQAM. La conférence de Benoit Perron donnée mercredi 20 mai à l'UQAM intitulée « Madoff & les fonds vautours juifs Odyssey Investment Partners-Veritas Venture Partners-Security Growth Partners-Broadview International-Atwell Security-The Mega Group & les services secrets israéliens (deuxième partie) » dont l'appel a circulé sur plusieurs sites est un ramassis d'affirmations antisémites dans la plus pure tradition de l'extrême droite européenne avec une touche d'américanisation nécessaire, celle de Lyndon Larouche.

Ce texte amalgame les sous-entendus habituels de la théorie du complot : initiés de l'affaire Madoff, services secrets (CIA, Mossad, Shin Bet, compagnies de sécurité privées), haute finance internationale se côtoient dans le même délire que la vieille manipulation du célèbre faux antisémite des « Protocoles des sage de Sion ».

L'amalgame entre « fonds » (l'argent), « vautours » (la rapacité et l'avidité) et « juifs » (ils se réjouissent et vivent du malheur du monde) est un des arguments habituels de la presse fasciste depuis la propagande nazie de Goebbels et Hitler. Ce genre de presse raciste avec ses journalistes, ses sites et ses conférences a pour but entre autres de multiplier les polémiques contre les juifs accusés en tant que peuple de tous les maux de la terre.

Le fasciste Le Pen en France est l'exemple même de la permanence de cet antisémitisme par ailleurs condamné judiciairement à plusieurs reprises par l'État français et débouté de ses appels par la Cour Européenne des droits de l'homme.

Les raccourcis idéologiques de Perron, sous des allures provocantes, utilisent la rhétorique d'un Le Pen en France mais rappellent aussi celles des journalistes nazis de « Je suis partout » ou de « Gringoire », journaux de la France collaborationniste de 39/45 où Robert Brasillach, écrivain collaborationniste fusillé à la libération, pouvait écrire à propos des juifs le 6/09/41 « que la mort des hommes à qui nous devons tant de deuils [...] tous les français la demandent ».

Le texte de Perron est particulièrement sournois. Il puise, sous prétexte d'une couverture informative objective, aux positions habituelles des racistes et des antisémites fascistes, sans toutefois nommer ses références mais en affirmant néanmoins les avoir croisées à de multiples reprises. Les faits sont donc avérés, les réseaux constitués, les escroqueries pratiquées à l'échelle mondiale correspondent, ce n'est pas dit mais ouvertement suggéré par les sous-entendus, à la culture et à la religion juive («$HALOM, OUVRE-TOI»... ET TORAH UNE SURPRISE! », termine Perron). « Shalom » dont la première lettre est écrite par Perron comme le symbole de « dollar » démontre que lors de la rédaction de ce texte Perron était sans doute tenté par la fine plaisanterie antisémite.

Selon lui, les alliances et les complots sont en place, et faits pour durer (« la confrérie juive moderne «The new Crowd» de Wall Street prend le nom de «The Mega Group». sa kabbale : obtenir le maximum d'impact sur la politique étrangère américaine à la faveur d 'Israël »[citation]). En conclusion le monde entier est l'otage de sectes juives organisées pour escroquer, via les fonds de pension ou de placements, les petites gens crédules et confiantes que nous sommes tous sans exception. Victimes et martyrs ainsi désignés, Perron nous montre les pistes encore fraîches qui se bousculent sous nos yeux aveuglés, et nous désigne la vitrine juive pas encore brisée mais dont il attend et espère vraisemblablement une nouvelle « nuit de Cristal ».

Sous prétexte d'éclairer l'affaire Madoff, la dénomination choisie de « vautours juifs » accolée aux fonds financiers stimule le rappel des pires stéréotypes antisémites quant à la représentation caricaturale du juif essentiellement préoccupé d'argent et de l'exploitation de son prochain. De tels textes sont similaires aux propagandes fascistes habituelles ; ils ont jalonné l'histoire occidentale de l'extrême droite en entretenant la violence à l'encontre d'un peuple devenu, comme beaucoup d'autres, le bouc émissaire de toutes les peurs et de toutes les frustrations accumulées.

L'histoire a montré qu'en accusant de cette façon un peuple, une religion, une culture, de tous les maux subis dans sa propre sphère d'existence, on veut en réalité le martyriser et in fine, le faire disparaître. La Shoah, le sort des musulmans en Bosnie, les amérindiens aux U.S.A., les Tutsis au Rwanda, les Beothuks à Terre-neuve et, par une ironie dont l'histoire a le secret, le sort fait actuellement aux palestiniens, sont quelques exemples parmi de multitudes d'autres. La liste est longue et pourrait sembler fastidieuse si elle ne recouvrait son lot de souffrances et de meurtres, d'exclusions et de peines, d'humiliations et de larmes.

Les juifs incriminés par Perron lui permettent de se faire une réputation dont il n'est pas peu fier de traqueur de vérité, alors que ses sources sont maintenant issues du Web qui déborde de sites aux thèses fascisantes délirant à tour de bras sur les complots, les francs maçons, les juifs, la Trilatérale, etc.

Les juifs encore une fois au centre du monde, indiqués comme le véritable pouvoir occulte (« le fonds spéculatif Security Growth Partners LLC, lange financier de Riptech et bailleur de fonds de nombreuses sociétés de haute technologie liées de très près au homeland security américain depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 » [citation]), il n'est pas jusqu'aux attentats du 9/11 qu'ils n'aient prévu et sans doute financés car Perron jamais en panne d'inspiration, reprend aussi les thèses conspirationnistes, partout ailleurs moquées et combattues, de Thierry Meyssan à propos des attentats de New York.

Dans le contexte actuel de résurgences des clivages raciaux et religieux illustré par le cache sexe du questionnement sur les accommodements raisonnables, la place que l'UQAM offre aux idées antisémites est révélatrice d'un vide critique sidérant de cette institution mais aussi de la résurgence de l'antisémitisme au Québec, y compris dans des milieux de gauche ou même libertaire que l'on pouvait croire épargnés. Perron travaille en effet à CIBL et CISM, radios communautaires de Montréal. Il y professe en toute impunité ses thèses décalquées de celles de Larouche et peut stigmatiser la « CAVERNE D'ALI BABA DE BERNIE MADOFF ET DES 40 FONDS VAUTOURS YIDDISH » tout en proférant des jeux de mots qui ailleurs lui vaudraient quelques ennuis judiciaires.

Enfin, pour ne pas nous accuser de complicité objective avec l'état d'Israel, précisons que si l'état d'Israel est éminemment condamnable pour son ostracisme et la barbarie pratiqués envers les palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ou ses citoyens de seconde zone que sont les arabes israéliens, il ne représente pas pour nous, loin de là, l'ensemble de ses citoyens. Nous souhaitons plutôt valoriser, faire connaître et nous solidariser avec les camarades libertaires de « Anarchists against the wall » (http://www.awalls.org/)dont le courage et les prises de positions théoriques et pratiques méritent d'être connus de tous.

Accorder un espace d'expression acritique à l'exaltation du racisme et à l'antisémitisme est plus qu'une faute, c'est aussi de l'aveuglement, au Québec comme partout.

titusdenfer ? S. Laplage

*Lire Le complot du 11-septembre n

Cinq ans après les attentats, la « théorie du complot » relative au 11-septembre a pénétré les défenses de la gauche américaine. On la retrouve également au sein de la droite « populiste » ou « libertarienne », ce qui n’a rien de surprenant puisque ces deux courants de pensée se défient instinctivement de l’Etat et cherchent souvent à débusquer le comploteur le plus adapté à leur animosité du moment, qu’il s’agisse du fisc, de l’Agence fédérale de gestion des urgences (Federal Emergency Management Agency, FEMA), des Nations unies (1) ou des juifs.

Par les temps qui courent, rares sont les militants de gauche qui apprennent l’économie politique en lisant Karl Marx. Ce vide théorique et stratégique a profité à des théories du complot qui perçoivent dans les méfaits de la classe dirigeante non pas la crise d’accumulation du capital, ou la recherche d’un taux de profit plus élevé, ou les rivalités interimpérialistes, mais des manigances ourdies dans des lieux donnés : le Bohemian Grove (2), le groupe de Bilderberg, Davos, etc. Sans oublier des institutions et agences maléfiques, la Central Intelligence Agency (CIA) en tête. Le « complot » du 11-Septembre a poussé toutes ces fariboles à leur paroxysme.


samedi 23 mai 2009

Émission du 21 avril - "Décroissance" et "Les femmes dans l'apartheid Israelien"

Comme vous le savez, l'émission a maintenant lieu tous les mardi de 18h00 à 19h00. Pour pas trop vous rendre nostalgique, on continue de mettre nos émissions précédantes sur le blog!!! Évidemment, on met pas les actualités.


Entrevue sur la Décroissance avec Antoine Descendres des AmiEs de la Terre de Québec. (27 min.)
Grâce à la participation d'Antoine à l'émission, nous avons beaucoup appris sur le mouvement de décroissance. Entre autre:
- D'où vient la décroissance
- Qui sont les objecteurs de croissance
- Lutte contre le dogmatisme au sein même du mouvement

- Relation entre décroissance.org et décroissance.info
- Présence anarchiste dans le mouvement
- Quelle type de production dans la décroissance
- La décroissance et le développement des pays du Sud

"La décroissance ça donne à être le penchant politique de la simplicité volontaire. C'est l'idée de porter une nouvelle société à travers un projet anti-capitaliste. Ce projet est non seulement anti-capitaliste, mais porte aussi une critique du marxisme qui contient lui aussi son lot de productivisme. Dans ce sens, c'est une critique tous les productivismes.

Ce n'est pas non plus une finalité, ni toujours plus d'austérité. La décroissance c'est la période de transition sociale et économique qui rétablira notre déséquilibre de consommation et de production."

Pour un discours anarchiste un peu plus particulier à la décroissance, vous pouvez vous référer à Jean-Pierre Tertrais et son livre "Du développement à la Décroissance - De la Nécessité de sortir de l'impasse suicidaire du capitalisme" aux éditions du Monde Libertaire.
Vous pouvez aussi jeter un coup d'oeil sur son article "Pour une décroissance libertaire" sur le site Ecorev.org -revue critique d'écologie politique.




Chronique de Claudelle: Comment l'apartheid Israelien affecte les femmes Palestinienne ? (25 min.)
Claudelle est venu nous présenter son travail de recherche de session à l'université Bishop'S. Avec une analyse post-coloniale et féministe et à partir d'un rapport d'Amnistie Internationale, elle nous décrit comment les femmes vivent les contrecoups d'un conflit interminable.


- Qu'est-ce qu'un apartheid?
- Les tactiques illégales d'Israël de militarisation du territoire
- Vulnérabilité des femmes, des jeunes et des personnes âgées à la violence
- Effets à long termes sur l'accès aux services sociaux
- Effets économiques et sur l'emploi
- Punitions collectives, punitions administratives etc...
- Postes de contrôle militaire: les"Checkpoints"

mercredi 20 mai 2009

24 mai prochain: de la bouffe, pas des hotels!

En entrevue mardi dernier, Hubert Richard (du - pas encore existant - parti communautaire de sherbrooke) invitait la population de Sherbrooke à une séance de plantation de plant de patate afin de faire valoir ses revendications prônant la sécurité alimentaire municipale plutôt que les hôtels de luxe dont le topo suit ce paragraphe. Donc rappel:

Dimanche 24 mai prochain
de 9h00 à 17h00
coin King-Belvédère
venez planter un plant de patate pour s'opposer aux projets d'hotels en encourageant l'utilisation des espace vert centraux pour l'agriculture urbaine!


Le complexe hôtelier, vera le jour l'année où Sherbrooke accueillera les jeux olympiques canadiens, soit en automne 2010. Il comprendra huit étages, 150 suites, un centre de conférences pouvant accueillir 300 personnes et un restaurant faisant face au lac des Nations.

Un hôtel quatre étoiles ouvrira ses portes à l’angle des rue King Ouest et Belvédère Sud d’ici on ne sait combien de temps(mais peu). Un ambitieux projet de 30 M $.

Le complexe hôtelier comprendra huit étages, 150 suites, un centre de conférences pouvant accueillir 300 personnes et un restaurant faisant face au lac des Nations. Le projet sera piloté par la firme SMJ Hoteldev. Il s’agit d’un consortium asiatique qui contrôle plusieurs développements immobiliers en Chine, mais qui en sera à son premier projet en sol canadien.

Présent à la conférence de presse de l'annonce du projet, le représentant de SMJ Hoteldev, Jacques Deng Li, a expliqué qu’il avait été immédiatement séduit par le site lors de sa première visite à Sherbrooke, en septembre 2005. La Ville négociait avec cette firme depuis un an et demi.

Originaire de Chine, M. Li détient la nationalité canadienne et habite à Montréal. Il compte travailler avec des Estriens pour développer l’hôtel de son consortium. Déjà, les esquisses dévoilées plus tôt dans l'année ont été élaborées par l’architecte sherbrookois Jean Mailhot, avec la participation de la firme Longer Construction.

Le maire Perrault était visiblement ravi de dévoiler enfin ce projet d’envergure, qui portera les couleurs d’une bannière internationale.

Le lac toujours à portée de vue

«Cet investissement majeur confirme de façon claire et non équivoque l’intérêt grandissant pour le secteur de la Cité des rivières qui est appelé à devenir un pôle d’attraction majeur de Sherbrooke», estime M. Perrault. Le complexe hôtelier, qui doit ouvrir ses portes à l’automne 2009, «donnera un élan majeur à la redynamisation de notre centre-ville», ajoute-t-il.

L’hôtel sera situé à proximité des rues Belvédère Sud et Minto, de façon à laisser un large espace vert en bordure de la rue King Ouest et du lac des Nations. Ainsi, le lac sera toujours visible à partir de l’intersection des rues King Ouest et Belvédère. Cet espace vert deviendra éventuellement un parc et accueillera un anneau de glace réfrigéré.

Un baume pour l’industrie touristique

L’ajout d’un hôtel quatre étoiles constituera un baume pour l’industrie touristique sherbrookoise. À l’heure actuelle, Sherbrooke figure à l’avant-dernier rang provincial en terme de nombre de chambres de quatre et cinq étoiles sur son territoire. Seule la ville de Val d’Or fait moins bien que la capitale estrienne à ce chapitre.

Par ailleurs, suite à une longue attente un second centre de conférences s’ajoutera au Centre des congrès de l’hôtel Delta prochainement sur le pôle commercial de grande surface, le plateau St-Joseph. Sherbrooke pourra ainsi accueillir un plus grand nombre de congrès.

Pour concrétiser ce projet, la Ville a offert aux promoteurs un crédit de taxes foncières totalisant 4 M $ sur dix ans. Elle offre également une aide financière de 1 M $ pour la construction du centre de conférences.

La Ville a aussi récemment enfouit les fils électriques sur la rue Belvédère Sud, une facture qui s’élèvera à 1,2 M $. Elle a aussi démoli aussi à ses frais le bâtiment du 65 Belvédère Sud, locaux qui étaient occupé par la division de la Sécurité des milieux du Service de police de Sherbrooke. Coût de la facture: 830 000 $. Un nouveau poste de police sera probablement construit sur la Rue Galt à l'emplacement d'une ancienne station service aujourd'hui garnie de graffiti.

En contrepartie, la Ville prévoit obtenir des revenus de taxes de 2,3 M $ sur la propriété du complexe hôtelier au cours des dix prochaines années.

Compte tenu de ces revenus et de ces dépenses pour la Ville, le projet s’autofinancera, indique le directeur général adjoint de la Ville, Claude Marcoux. Le complexe hôtelier aura également un apport économique important pour Sherbrooke et permettra de créer quelque 50 emplois permanents et 60 emplois temporaires.

mardi 19 mai 2009

Du nouveau sur AnarSonor: Le film "Les LIP"



Le site internet de lecture audio de livre anarchiste AnarSonore vient d'annoncer sur le fils de presse anarchiste a-info la mise en ligne de nouvelles lectures et autre documents médias. Voici une liste complète des nouveautés (cliquez ici).

Les nouveaux documents sont aussi variés que le film situationniste "Critique de la séparation" de Guy Debord, que "histoire de la prison" (wow!) et que "pourquoi déserter les contre-sommet" où dans un fichier audio, une personne argumente que les anarchistes devraient ne plus se présenter aux sommets, tactique qui a pourtant mis de l'avant l'anarchisme au cours des dernières années! Pour écouter ce documents voici l'adresse du site. http://anarsonore.free.fr/

Au niveau d'un contenu un peu plus spécifique à la lutte autogestionnaire, voici Les LIP. Un film qui était déjà disponible sur internet (sur dailymotion.com) mais dans une moins bonne qualité visuelle. Ce film est un ensemble des témoignages des gens qui ont participé directement à une des expérience d'autogestion ouvrière par mis les plus populaires, l'usine de montre LIP en France. Une telle expérience d'autogestion n'est pas en soit un moment révolutionnaire qui aurait pu mettre à lui seul à terre l'institution capitaliste, mais essentiellement une démonstration qu'il suffit d'oser lutter pour vaincre et avancer vers une société qui, elle, est autogérée et libre!


Voici deux affiches de la Fédération Anarchiste qui expliquent essentiellement la "finalité" du projet révolutionnaire libertaire.

vendredi 15 mai 2009

Cahier du 8 mars "Echo de femmes" en ligne!


Le voici le voilà, enfin disponible à tout le monde avec internet sur la terre: Écho de femmes!

Ce cahier est le fruit d'un long travail du Comité du 8 mars, groupe féministe à l'origine de la marche du 8 mars à Sherbrooke en Coalition avec des groupes communautaires. Comme le dit si bien le texte, de présentation, "Le Collectif du 8 mars est une organisation ponctuelle autour de la Marche des femmes de 2009 à Sherbrooke. Nous [le comité] croyons en la pertinence d'une Marche et d'un mouvement élargi et nous croyons aussi en la nécessité d'aller au-delà de ce mandat. Cela dit, s'il y a des femmes ou des organisations de femmes qui veulent poursuivre les actions et les réflexions autour du féminisme actuel, vous pouvez nous joindre à l'adresse suivante: comitefemmes@gmail.com


Pour vous donner l'eau à la bouche et vous encourager à le télécharger et le lire voici la table des matières :

- Pourquoi suis-je féministe? par Anne-Marie Mérien
- Femmes autochtones: Quel espoir d'émancipation? par Karine Bouchard
- Les drogues du viol sont-elles un mythe? par Anne-Marie Mérien
- L'Anarcha-Féminisme par le Collectif anarchiste du 19 Juillet
- Catharsis par Anne Lagacé
- Les femmes face aux forces de l'ordre par Véronique Bégin
- Témoignages: Pourquoi suis-je féministe? par plein de gens
- Le Féminisme Prolétarien Révolutionnaire par le PCR-estrie
- Lettre aux pêcheurs insatiables par Anne Onyme

Et pour terminer, un succès souvenir: l'entrevue avec ledit comité du 8 mars à La Rabia Del Pueblo!

mercredi 13 mai 2009

20 mai, présentation sur l'anarchisme au CCLCS

Après avoir donné un "Anarchie pour les Nuls" aux souper rencontre du Tremplin 16-30, quelques membres du collectif du 19 Juillet iront présenter le projet communiste libertaire lors d'une présentation sur l'heure du diner au Centre Coopératif de locaux communautaires de Sherbrooke. Il s'agira du moment idéal pour aller discuter de la pensée et des pratiques anarchistes, vu par des membres de l'Union Communiste Libertaire.

Amenez votre lunch!!!
Mercredi 20 mai 11h30 Salle Alphonse Desjardins
Il y aura une table avec des publications!

mardi 12 mai 2009

8 mai: Distribution de poulet au Coq-Rôti


Le 8 mai dernier, les syndiqués-es en lock-out du Roi de la Rôtisserie au Coq-Rôti on fêté la fête des mères en vendant leur propre bouffe!

Depuis l'ouverture du comptoir, c'est au cours de cette journée particulière que les ventes sont les meilleurs. Cette année, en plein lock-out, on pouvait aller manger le traditionnel poulet au coût de 5$ et il y avait aussi de la poutine. Voici un reportage vidéo à ce sujet. Celui-ci se termine en soulignant la possibilité pour les travailleurs et travailleuses d'ouvrir leur propre rôtisserie... mais il ne semble pas être question d'utiliser les locaux actuels. L'occupation d'usine et la production aux profits des ouvriers et ouvrières ont déjà été très efficaces dans l'histoire des conflits de travail, mais il ne semble pas être question de cela actuellement.

Il y a quelques semaines, les livreurs se sont fait mettre à la porte. Le Coq perdait ainsi la partie du comptoir qui assurait les plus grands revenus, des employés avec plusieurs dizaines d'années d'expérience de travail... et un président de syndicat local. Menaçant, le président Jean Lacharité de la CSN Estrie annonçait alors aux frères Perrault que la "CSN va leur faire connaître l'enfer sur terre!". Les recours légaux contre les propriétaires de la part de la CSN devront être connus d'ici quelques temps...

D'ici là, les gens de sherbrooke continueront de voir les automobiles se promener avec leur flag jaunes de solidarité avec les lock-outés-ées. Faut dire qu'avec quelques millions de dollars en banque et une attitude de tueur, il ne serait pas surprenant de voir les Perrault continuer longtemps d'agir comme les salauds qu'ils sont.

lundi 11 mai 2009

Émission du 14 avril


Rappel: prenez note que l'émission aura dorénavant lieu de 18h00 à 19h00.
Au cours de cette émission nous avons fait le tour des actualité comme à l'habitude. Par contre nous ne les avons pas mises sur le blog étant donné qu'elles datent. Voici donc les deux parties les plus atemporelles soit la chronique sur l'auteur poète Stig Dagerman par Frank dada et la chronique sur le Vénézuela par Jm.



Chronique Stig Dagerman
Anarcho-syndicaliste notoire, celui-ci s'est fait connaitre par ses populaires livres métaphoriques et ses poèmes relatant l'actualité au cours d'une période difficile pour sa pensée politique l'après révolution espagnole et régime Allemand. Cet homme aimé cachait pourtant un esprit tourmenté, il termina ses jours dans son garage où il s'asphyxia aux échappements de son automobile. Pour plus d'information sur sa vie, voici sa page wikipedia. La chronique a été pré-enregistré suite aux recherche de notre anarcho-tronche locale Frank dada.


Chronique Vénézuela
Par la suite Jm a tenté de sauver les meubles de la fin de l'émission avec une chronique assez délicate: le socialisme du 21e siècle. Beaucoup de socialiste, alter-mondialiste mettent de l'avant un projet de société en fesant référence au régime de Hugo Frias Chavez. Dans le but de critiquer ses politiques dans une perspective ouvrière libertaire et ainsi nuancer le "tout au Chavez" de certaines tendances politiques, Jm a tenté de résumer une entrevue très intéressante entre un anarchiste français et deux membre de l'organisation El Libertario du Vénézuela où on y fait un tour des grandes lignes. Des informations plus récentes sont publiées sur anarkismo.net (site internet anarcho-communiste) à propos des conflits de travail aux Vénézuela et d'analyse su socialisme de Chavez. Prochaine chronique sur le socialisme cubain à venir prochainement!


jeudi 7 mai 2009

Émission du 7 avril

Prenez note que l'émission radio La Rage Du Peuple aura dorénavant lieu les mardi de 18h00 à 19h00 toujours à CFLX 95,5

Lors de cette émission, Sam est venu nous présenter les actualités avant de laisser place à Alex et Ludivine qui nous ont présenté leur projet de solidarité en agriculture biologique avec Cuba. Frank Poule nous a en suite fait exploser la les neuronnes avec son SLAM "je m'anarchiserai!".


Nous avons lors de la deuxième heure, reçu David en directe de la Colombie pour nous parler de la situation actuelle de la lutte contre la répression et le libre-échange Canada-Colombie. Mercredi dernier(6 mai), une manifestation devant le parlement d'Ottawa avait lieu afin de s'opposer à la signature de l'Accord de Libre Échange Canada-Colombie. Un autobus de Sherbrooke s'y est rendu grâce au Comité Solidarité avec la Colombie du Regroupement Autonome des Jeunes de l'Estrie. Ce comité s'est aussi présenté en ondes et nous a aussi exposé les grandes lignes de la situation sociale et politique de la Colombie.

Bonne écoute!

Intro et actualité avec Sam
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Présentation du Projet agriculture biologique cubaine avec Alex et Ludivine
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Slam de Frank Poule "Je m'anarchiserai!"
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Première heure
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Deuxième heure
Entrevue avec David en Colombie et présentation du comité Solidarité-Colombie du RAJ
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mercredi 6 mai 2009

Dans le Monde Diplomatique...

Eloge des révolutions

Deux cent vingt ans après 1789, le corps de la Révolution bouge encore. François Mitterrand avait pourtant convié Mme Margaret Thatcher et Joseph Mobutu à en vérifier la mise en bière lors des cérémonies du bicentenaire. Dès lors que l’année de la commémoration fut aussi celle de la chute du mur de Berlin, Francis Fukuyama annonça la « fin de l’histoire », c’est-à-dire l’éternité de la domination libérale sur le monde et la fermeture, à ses yeux définitive, de l’hypothèque révolutionnaire. Mais la crise du capitalisme ébranle à nouveau la légitimité des oligarchies au pouvoir. L’air est plus léger, ou plus lourd, selon les préférences. Evoquant « ces intellectuels et artistes qui appellent à la révolte », Le Figaro se désole déjà : « François Furet semble s’être trompé : la Révolution française n’est pas terminée (1). »

Comme beaucoup d’autres, l’historien en question n’avait pourtant pas ménagé sa peine pour en conjurer le souvenir et pour en éloigner la tentation. Autrefois tenue pour l’expression d’une nécessité historique (Marx), d’une « ère nouvelle de l’histoire » (Goethe), d’une épopée qu’avaient ouverte ces soldats de l’an II chantés par Hugo — « Et l’on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes sur le monde ébloui » —, on ne montrait plus d’elle que le sang sur ses mains. De Rousseau à Mao, une utopie égalitaire, terroriste et vertueuse, aurait piétiné les libertés individuelles, accouché du monstre froid de l’Etat totalitaire. Puis, la « démocratie » s’était ressaisie et l’avait emporté, enjouée, paisible, de marché. Héritière de révolutions elle aussi, seulement d’un autre ordre, à l’anglaise ou à l’américaine, plus politiques que sociales, « décaféinées (2) ».

On avait également décapité un roi outre-Manche. Mais la résistance de l’aristocratie y ayant été moins vigoureuse qu’en France, la bourgeoisie n’éprouva pas la nécessité de faire alliance avec le peuple pour asseoir sa domination. Dans les milieux favorisés, un tel modèle, sans va-nu-pieds ni sans-culottes, apparaissait plus distingué et moins périlleux que l’autre. Présidente du patronat français, Mme Laurence Parisot ne trahissait donc pas le sentiment de ses mandants en confiant à un journaliste du Financial Times : « J’adore l’histoire de France, mais je n’aime pas beaucoup la Révolution. Ce fut un acte d’une violence extrême dont nous souffrons encore. Il a obligé chacun d’entre nous à être dans un camp. » Elle ajouta : « Nous ne pratiquons pas la démocratie avec autant de succès que l’Angleterre (3). »

« Etre dans un camp » : ce type de polarisation sociale est fâcheux quand il faudrait au contraire, surtout en temps de crise, se montrer solidaire de son entreprise, de son patron, de sa marque — mais en demeurant chacun à sa place. Car, aux yeux de ceux qui ne l’apprécient guère, le tort principal de la révolution n’est pas la violence, un phénomène tristement banal dans l’histoire, mais, chose infiniment plus rare, le bouleversement de l’ordre social qui intervient à l’occasion d’une guerre entre nantis et prolétaires.

En 1988, à la recherche d’un argument massue, le président George Herbert Bush tança son adversaire démocrate, M. Michael Dukakis, un technocrate parfaitement inoffensif : « Il veut nous diviser en classes. Ça c’est bon pour l’Europe, mais ce n’est pas l’Amérique. » Des classes, aux Etats-Unis, on mesure l’horreur d’une telle accusation ! Au point que vingt ans plus tard, au moment où l’état de l’économie américaine paraîtrait imposer des sacrifices aussi inégalement répartis que le furent les bénéfices qui les précédèrent — un vers de l’Internationale réclame que « le voleur rende gorge »... —, l’actuel locataire de la Maison Blanche a jugé urgent de désamorcer la colère populaire : « L’une des leçons les plus importantes à tirer de cette crise est que notre économie ne fonctionne que si nous sommes tous ensemble. (...) Nous n’avons pas les moyens de voir un démon en chaque investisseur ou entrepreneur qui essaie de réaliser un profit (4). » Contrairement à ce que prétendent certains de ses adversaires républicains, M. Barack Obama n’est pas un révolutionnaire...

« La révolution, c’est d’abord une rupture. Celui qui n’accepte pas cette rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là ne peut pas être adhérent du Parti socialiste. » Ainsi parlait Mitterrand en 1971. Depuis, les conditions d’adhésion au Parti socialiste (PS) sont devenues moins draconiennes, puisqu’elles ne rebutent ni le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), M. Dominique Strauss-Kahn, ni celui de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Pascal Lamy. L’idée d’une révolution a également reflué ailleurs, y compris dans les formations les plus radicales. La droite s’est alors emparée du mot, apparemment encore porteur d’espérance, pour en faire le synonyme d’une restauration, d’une destruction des protections sociales conquises, voire arrachées, contre l’« ordre établi » (lire « Jeunes sarkozystes au poing levé »).

On reproche leur violence aux grandes révolutions. On s’offusque par exemple du massacre des gardes suisses à l’occasion de la prise des Tuileries en août 1792, ou de celui de la famille impériale russe en juillet 1918 à Iekaterinbourg, ou de la liquidation des officiers de l’armée de Tchang Kaï-chek après la prise du pouvoir par les communistes chinois en 1949. Mais mieux vaudrait alors ne pas avoir précédemment occulté les famines de l’Ancien Régime sur fond de bals à Versailles et de dîme extorquée par les prêtres ; les centaines de manifestants pacifiques de Saint-Pétersbourg fauchés un « dimanche rouge » de janvier 1905 par les soldats de Nicolas II ; les révolutionnaires de Canton et de Shanghaï précipités vivants, en 1927, dans les chaudières des locomotives. Sans rien dire des violences quotidiennes de l’ordre social qu’on entendait autrefois mettre bas.

L’épisode des révolutionnaires brûlés vifs n’a pas seulement marqué ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Chine, il est connu des millions de lecteurs de La Condition humaine. Car, pendant des décennies, les plus grands écrivains, les plus grands artistes ont fait corps avec le mouvement ouvrier pour célébrer les révolutions, les lendemains qui chantent. Y compris, c’est vrai, en minorant les déconvenues, les tragédies, les petits matins blêmes (police politique, culte de la personnalité, camps de travail, exécutions).

Depuis trente ans, en revanche, on ne parle plus que de cela ; c’est même recommandé pour réussir à l’université, dans la presse, et pour briller à l’Académie. « Qui dit révolution dit irruption de la violence, explique ainsi l’historien à succès Max Gallo. Nos sociétés sont extrêmement fragiles. La responsabilité majeure de qui a accès à la parole publique est de mettre en garde contre cette irruption (5). » Furet estimait pour sa part que toute tentative de transformation radicale était totalitaire ou terroriste. Il en concluait que « l’idée d’une autre société est devenue presque impossible à penser (6) ». On conçoit qu’une telle impossibilité ne contrariait pas la plupart de ses lecteurs, protégés des orages par une existence agréable de dîners et de débats.

« ... mais c’est nous qui avions
les plus belles chansons »

La phobie des révolutions et son corollaire, la légitimation de l’ordre établi, dénichèrent bien d’autres relais que Gallo et Furet. Qu’on pense ici au choix des médias, cinéma compris. Depuis trente ans, ils ont voulu établir qu’hors la démocratie libérale on ne trouvait que régimes tyranniques et connivence entre eux. La place faite au pacte germano-soviétique l’emporta donc largement sur celle réservée à d’autres alliances contre nature, tels les accords de Munich et la poignée de main entre Adolf Hitler et Neville Chamberlain. Le nazi et le conservateur communiaient au moins dans la haine des fronts populaires. Et cette même peur de classe inspira les aristocrates de Ferrare et les maîtres de forges de la Ruhr lorsqu’ils favorisèrent l’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini et du IIIe Reich (7). Cela, est-il encore permis de le rappeler ?

Dans ce cas, allons plus loin… Tout en théorisant avec éclat son refus d’une révolution de type soviétique, qualifiée par un de ses amis de « blanquisme à la sauce tartare », une figure aussi respectée par les professeurs de vertu que Léon Blum a réfléchi aux limites d’une transformation sociale dont le suffrage universel serait le seul talisman. « Nous ne sommes pas bien sûrs, prévenait-il en 1924, que les représentants et dirigeants de la société actuelle, au moment où ses principes essentiels leur paraîtraient trop gravement menacés, ne sortent pas eux-mêmes de la légalité. » Les transgressions de ce genre n’ont en effet pas manqué depuis, du pronunciamiento de Francisco Franco en 1936 au coup d’Etat d’Augusto Pinochet en 1973, sans oublier le renversement de Mohammad Mossadegh en Iran en 1953. Le chef socialiste soulignait au demeurant que « jamais la République n’a été proclamée, en France, par la vertu d’un vote légal rendu dans les formes constitutionnelles. Elle fut installée par la volonté du peuple insurgé contre la légalité existante (8) ».

Désormais invoqué pour disqualifier d’autres formes d’intervention collective (dont les grèves dans les services publics, assimilées à des prises d’otages), le suffrage universel serait devenu l’alpha et l’oméga de toute action politique. Les questions que Blum se posa à son propos n’ont pourtant guère vieilli : « Est-il aujourd’hui une pleine réalité ? L’influence du patron et du propriétaire ne pèse- t-elle pas sur les électeurs, avec la pression des puissances d’argent et de la grande presse ? Tout électeur est-il libre du suffrage qu’il émet, libre par la culture de sa pensée, libre par l’indépendance de sa personne ? Et, pour le libérer, ne faudrait-il pas précisément une révolution (9) ? » Il se murmure que le verdict des urnes a cependant déjoué dans trois pays européens — les Pays-Bas, la France, l’Irlande — les pressions conjointes du patronat, des puissances d’argent, de la presse. Pour cette raison même, on n’en a tenu aucun compte...

« Nous avons perdu toutes les batailles, mais c’est nous qui avions les plus belles chansons. » Ce propos, dont l’auteur serait un combattant républicain espagnol cherchant refuge en France après la victoire de Franco, résume à sa manière le problème des conservateurs et de leur lancinante pédagogie de la soumission. Simplement dit, les révolutions laissent dans l’histoire et dans la conscience humaine une trace indélébile, y compris quand elles ont échoué, y compris quand on les a déshonorées. Elles incarnent en effet ce moment si rare où la fatalité se soulève, où le peuple prend l’avantage. D’où leur résonance universelle. Car, chacun à sa manière, les mutins du Potemkine, les rescapés de la Longue Marche, les barbudos de la Sierra Maestra ressuscitèrent cette geste des soldats de l’an II qui suggéra à l’historien britannique Eric Hobsbawm que « la Révolution française a révélé la puissance du peuple d’une façon qu’aucun gouvernement ne s’est jamais autorisé à oublier — ne serait-ce que par le souvenir d’une armée improvisée de conscrits non entraînés, mais victorieuse de la puissante coalition formée par les troupes d’élite les plus expérimentées des monarchies européennes (10) ».

Prévenir les restaurations
conservatrices nées du savoir

Il ne s’agit pas seulement d’un « souvenir » : le vocabulaire politique moderne et la moitié des systèmes juridiques du monde s’inspirent du code que la Révolution a inventé. Et qui pense au tiers-mondisme des années 1960 (lire Alain Gresh, « Indestructible rêve d’un monde meilleur ») peut se demander si une part de sa popularité en Europe ne vint pas du sentiment de reconnaissance (au double sens du terme) qu’il fit naître. L’idéal révolutionnaire, égalitaire, émancipateur des Lumières paraissait alors renaître dans le Sud, en partie grâce à des Vietnamiens, des Algériens, des Chinois, des Chiliens qui avaient fait leurs classes sur le Vieux Continent.

L’Empire s’empâtait, d’anciennes colonies prenaient le relais, la révolution continuait. La situation actuelle est différente. L’émancipation de la Chine ou de l’Inde, leur affirmation sur la scène internationale suscitent çà et là curiosité et sympathie, mais elles ne renvoient à aucune espérance « universelle » liée, par exemple, à l’égalité, au droit des opprimés, à un autre modèle de développement, au souci de prévenir les restaurations conservatrices nées du savoir et de la distinction.

Si l’engouement international que suscite l’Amérique latine est plus grand, c’est que l’orientation politique y est à la fois démocratique et sociale (lire Maurice Lemoine, « Cette Amérique latine qui assume l’affrontement »). Une certaine gauche européenne a justifié depuis vingt ans la priorité qu’elle accorde aux demandes des classes moyennes en théorisant la fin de la « parenthèse révolutionnaire », l’effacement politique des catégories populaires. Les gouvernants du Venezuela ou de la Bolivie remobilisent au contraire ces dernières en leur prouvant que leur sort est pris en compte, que leur destin historique n’est pas scellé, que le combat continue en somme.

Pour souhaitables qu’elles demeurent, les révolutions sont rares. Elles supposent à la fois une masse de mécontents prêts à agir ; un Etat dont la légitimité et l’autorité se trouvent contestées par une fraction de ses partisans habituels (en raison de son impéritie économique, ou de son incurie militaire, ou des divisions internes qui le paralysent puis le disloquent) ; enfin, la préexistence d’idées radicales de remise en cause de l’ordre social, extrêmement minoritaires au départ (lire Laurent Bonelli, « En 1789, subversifs malgré eux »), mais auxquelles pourront se raccrocher tous ceux dont les anciennes croyances ou loyautés ont été dissoutes (11).

L’historienne américaine Victoria Bonnell a étudié les ouvriers de Moscou et de Saint-Pétersbourg à la veille de la première guerre mondiale. Comme il s’agit du seul cas où ce groupe social fut l’acteur majeur d’une révolution « réussie », sa conclusion mérite d’être rapportée : « Ce qui caractérise la conscience révolutionnaire est la conviction que les griefs ne peuvent être satisfaits que par la transformation des institutions existantes et par l’établissement d’une autre organisation sociale (12). » Autant dire que cette conscience n’apparaît pas spontanément, sans une mobilisation politique et un bouillonnement intellectuel préalables.

D’autant qu’en général, et c’est ce à quoi on assiste à l’heure actuelle (lire Michael Klare, « Géopolitique de l’effervescence »), la demande des mouvements sociaux est d’abord défensive. Ils entendent rétablir un contrat social qu’ils jugent violé par les patrons, les propriétaires de terres, les banquiers, les gouvernants. Le pain, le travail, un logement, des études, un projet de vie.Pas (encore) un « avenir radieux », mais l’« image d’un présent débarrassé de ses aspects les plus douloureux (13) ». C’est seulement ensuite, quand l’incapacité des dominants à remplir les obligations qui légitiment leur pouvoir et leurs privilèges devient manifeste, que la question est parfois posée, au-delà des cercles militants, de savoir « si les rois, les capitalistes, les prêtres, les généraux, les bureaucrates, conservent une utilité sociale (14) ». On peut parler alors de révolution. La transition d’une étape à l’autre peut intervenir vite — deux ans en 1789, quelques mois en 1917 — ou ne jamais se faire.

Question posée en 1977 :
pourquoi l’URSS est-elle donc si stable ?

Depuis près de deux siècles, des millions de militants politiques ou syndicaux, d’historiens, de sociologues ont examiné les variables qui déterminent l’issue : la classe dirigeante est-elle divisée et démoralisée ? son appareil répressif intact ? les forces sociales qui aspirent au changement, organisées et capables de s’entendre ? Nulle part ces études n’ont été plus fournies qu’aux Etats-Unis, où il s’agissait souvent de comprendre les révolutions, d’admettre tout ce qu’elles avaient apporté, mais pour en conjurer la perspective effroyable.

La fiabilité de ces travaux s’est révélée... aléatoire. En 1977, par exemple, on se souciait avant tout de l’« ingouvernabilité » des sociétés capitalistes. Et par contraste on s’interrogeait : pourquoi l’URSS est-elle si stable ? Dans ce dernier cas, les explications se bousculaient : préférence des dirigeants et de la population soviétique pour l’ordre et la stabilité ; socialisation collective confortant les valeurs du régime ; nature non cumulative des problèmes à résoudre, ce qui permettait au parti unique de manœuvrer ; bons résultats économiques qui contribuaient à la stabilité recherchée ; progression du niveau de vie ; statut de grande puissance, etc. (15). Déjà immensément célèbre, le politologue de Yale Samuel Huntington n’avait plus qu’à conclure à partir de cette moisson d’indices concordants : « Aucun des défis prévus dans les prochaines années ne semble qualitativement différent de ceux auxquels le système soviétique a déjà réussi à répondre (16). »

Chacun connaît la suite...

Serge Halimi.